Quel est le lien entre la Vitamine D et les maladies auto-immunes ?
La carence en vitamine D a été associée au développement de plusieurs maladies auto-immunes, dont par exemple, la sclérose en plaques (SEP). Dans le cas de la SEP, il y a des données épidémiologiques claires sur la corrélation entre latitudes élevées (donc moins d'exposition solaire et moins de vitamine D produite) et augmentation de l'incidence de la SEP, ainsi que de la sévérité de la maladie. Les patients ont généralement des taux moindres de vitamine D circulants. L'une des raisons proposées est justement que la vitamine D exerce des effets sur les cellules de notre système immunitaire, en réduisant les réactions inflammatoires. Moins de vitamine D pourrait donc avoir un effet néfaste avec une inflammation moins bien contrôlée.
De plus, les analyses pan génomiques à grande échelle ("GWAS") ont identifié des polymorphismes associés à un risque accru de SEP dans les gènes qui régulent la production de vitamine D. Ces données laissent à penser que la carence en vitamine D participe au déclenchement de la SEP. De nombreux laboratoires cherchent donc à déchiffrer plus en avant ce qui se passe d'un point de vue moléculaire.
Un petit mot de la physiopathiologie de la sclérose en plaques (SEP)
La SEP est une maladie auto-immune dite "T médiée" (impliquant les lymphocytes T). Dans cette pathologie, d'importants infiltrats de cellules immunitaires sont décrits au sein des lésions du système nerveux central (SNC) et sont caractéristiques de la maladie. Ces infiltrats contiennent majoritairement des lymphocytes T et plusieurs études ont indiqué que des sous populations de cellules T CD4 et CD8 peuvent jouer des rôles différents dans le processus de la maladie : les cellules T CD8 étant majoritaires sur les bords des lésions et les cellules T CD4 au centre des lésions (Denic et al. 2013).
La présence de ces cellules illustre leur capacité à passer la barrière hémato-encéphalique (BHE), à entrer dans le parenchyme cérébral et à initier la perte des oligodendrocytes protégeant les neurones, induisant finalement la mort des cellules neuronales (Frischer et al. 2009).
On pense que la maladie commence par l'activation des cellules T effectrices auto-réactives en dehors du SNC ("périphérie"). une fois activées, elle traversent ensuite la Barrière Hémato-Encéphalique (BHE) vers le SNC. Une fois dans le SNC, les lymphocytes T sont réactivés par des cellules présentatrices d'antigènes locales et recrutent une seconde vague de lymphocytes T et de macrophages pour établir la lésion inflammatoire.
Les cellules T sont présentes dans ces infiltrations du SNC aux temps précoces de la maladie. On note que les principales populations de lymphocytes T CD4 pro-inflammatoires associées aux maladies auto-immunes, y compris la SEP, sont les lymphocytes T "Th1", qui sécrètent l'IFN-gamma, le facteur GM-CSF et le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-alpha) et les lymphocytes T Th17 qui sécrètent l'interleukine (IL)-17, IL-21 et IL-22. Les cytokines pro-inflammatoires Th1 et Th17 sont produites en quantité importante chez les patients atteints de SEP. Les observations dans les modèles murins indiquent que la prédominance relative de la réponse immune Th1 par rapport à Th17 influence la localisation de l'inflammation dans le SNC (localisation encéphalique ou spinale).
Bien que longtemps sous-estimé, le rôle des lymphocytes B et des anticorps dans la physiopathologie de la SEP est de plus en plus reconnu. L'un des premiers arguments est la présence d'une synthèse intra-téchale d'immunoglobulines, attestée par la présence de bandes oligoclonales dans le LCR chez plus de 95% des patients . (Salou et al. 2013). De plus, les lymphocytes B et les anticorps sont présents dans les lésions actives, en marge des lésions chroniques actives mais peu dans les inactives. Des follicules ectopiques B ont aussi été retrouvés dans les lésions. Et bien entendu, on note aussi l'efficacité du traitement par rituximab (anticorps monoclonal anti-CD20), qui déplète les lymphocytes B, permet de réduire les lésions inflammatoires décelées par l’IRM ainsi que les poussées chez les patients atteints de SEP de forme rémittente.