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ACTUALITÉ

Une actualité de saison : l’espoir d’un vaccin antigrippal universel !

Chaque année, l’efficacité du vaccin antigrippal comprend une part d’incertitude. Une équipe internationale regroupant des chercheurs américains, hongrois, et canadiens propose une nouvelle approche basée sur des vaccins à ARN et de nouvelles cibles antigéniques, moins sujettes aux variations antigéniques, pour optimiser la couverture vaccinale.
un article rédigé par Sylvain DUBUCQUOI 06/12/2022
Aucunes données associées
  • Public cible : grand public, professionnels médicaux, étudiants masters et doctorants
  • Temps de lecture : 4 minutes
  • Un article relu par les Pr Sophie CANDON (Rouen), et Thierry VINCENT (Montpellier)

La grippe et le vaccin

Chaque année, en France, 2 à 6 millions de personnes sont infectées par le virus Influenza, virus de la grippe. Cette maladie peut être sévère chez les personnes fragiles : femmes enceintes, personnes âgées ou souffrant de pathologies chroniques (asthme, diabète…). La vaccination antigrippale leur est largement indiquée avec pour objectif de conférer une protection contre les formes graves et les complications de la maladie. Cette vaccination est également indiquée pour tout individu qui vit, ou travaille, au contact de personnes fragiles, personnes chez qui l’efficacité vaccinale peut être encore limitée du fait d’un système immunitaire défaillant… ou « vieillissant ». Cette recommandation s’applique particulièrement au personnel de santé !

Vaccins antigrippaux actuels et leurs limites

Les vaccins antigrippaux actuels utilisent trois ou quatre souches virales inactivées et suscitent une réponse immunitaire ciblant une région particulière, « la tête », de l’hémagglutinine virale (HA). Ajouté au fait que cette région de l’HA est susceptible de présenter des variations antigéniques (box 1), permettant au virus d’échapper à l’immunité, la protection vaccinale reste d’une durée limitée à quelques mois. Il est donc nécessaire de vacciner contre la grippe chaque année. Plus encore, l’élaboration des vaccins antigrippaux actuels repose sur les recommandations de l’OMS, elles-mêmes basées sur l’évaluation des souches « susceptibles » de circuler. Chaque année, la vaccination antigrippale est donc associée à une part d’incertitude quant à son efficacité du fait de variations antigéniques possibles entre souches vaccinales utilisées et le virus circulant. Ainsi, pour la saison 2021-22, l’efficacité de la vaccination antigrippale a été estimée en France à environ 40% (source : solidarites-sante.gouv.fr).

De nouvelles stratégies vaccinales

Assessment of a quadrivalent nucleoside-modified mRNA vaccine that protects against group 2 influenza viruses. Meagan McMahon et al., PNAS, nov 2022.

Le concept de l'étude :

Plusieurs équipes de chercheurs internationaux ont élaboré de nouvelles stratégies vaccinales qu'ils ont testées chez l’animal. Ils ont travaillé à partir de la plateforme couplant des ARNm à des nanoparticules lipidiques (mRNA-LNP), dont l’efficacité a été démontrée à l'occasion de la vaccination massive contre le SARS-CoV-2 lors de la pandémie COVID-19. Plus encore, ce type de plateforme permet d'utiliser différents ARN messagers, codant différents antigènes viraux dans une même suspension vaccinale.

Dans ce travail, les protéines du virus grippal (H3N2), moins susceptibles aux variations antigéniques, ont été ciblées. Les auteurs n’ont donc pas utilisé les ARNs codant la « tête » de l’HA, mais plutôt la "tige" de cette protéine (figure). Ils ont également testé des ARNs codant la neuraminidase, la nucléoprotéine (NP) et la protéine-2 de la matrice virale (M2).

Différentes préparations vaccinales ont été testées : des suspensions monovalentes (un seul ARN) et une préparation plurivalente, regroupant les 4 ARNms différents.

L'objectif

Le but de l'étude était de définir quelles structures antigéniques conféraient à la souris, une protection contre les virus grippaux du "groupe (ou sous type) 2" exprimant l'hémagglutinine et la neuraminidase.

Le protocole

  • Immunisation de différents groupes de souris (n= 5 par groupe) avec les différentes préparations (mRNA-LNP) contenant une suspension vaccinale mono ou polyvalente.
  • Analyse de la réponse anticorps (Ac) et de la réponse cellulaire CD8, cytotoxique.

Les résultats

Les auteurs ont constaté une importante réponse Ac pour toutes les préparations vaccinales (mono ou polyvalentes), mais les suspensions monovalentes n'apportaient pas le même degré de protection que la préparation contenant les 4 ARNms. Selon l'ARNm utilisé dans la plateforme mRNA-LNP, les souris étaient protégées contre une ou plusieurs souches virales. Exemples

  • Avec l'ARNm codant la neuraminidase seule, les souris étaient protégées de l'infection par le virus H3N2 (Souche Suisse)
  • Avec une formulation monovalente contenant un ARNm codant la protéine de matrice M2, les animaux étaient protégés contre les souches virales H3N2 (souche Philippine), H4N6 (Tchèque), et H7N9 (Chine) mais pas contre la souche H3N2 (Suisse). Les 3 virus contre lesquels la formulation vaccinale apportait une protection comprenait la même protéine M2.
  • Seule la formulation comprenant les ARNms des 4 protéines ("tige" de l’HA, NA, NP, et M2) apportait la survie de toutes les souris contre toutes les souches virales. Cette formulation apporte également une protection contre la souche H1N1 (Souche Pays-BAs), virus du groupe 1.

Un schéma vaccinal "prime-boost" avec vaccination de rappel a été utile pour augmenter la production des Ac dirigés contre la tige de l'HA et la protéine M2. Avec la formulation multivalente, ce schéma (prime boost + rappel) n'est pas nécessaire, et si la dose injectée (1,25 µg et 5µg de suspension ARN-LP) impacte la quantité d'Ac produits, les souris sont protégées des formes létales dès la dose de 1,25 µg en monodose.

Les limites de l'étude

  • Les souches virales qui ont été testées (ici associées aux noms des pays) sont des souches présentant de fortes communautés antigéniques entre elles, avec pour conséquences peut être, une importante protection croisée vis à vis des souches virales utilisées dans l'étude.
  • Ces données ont été obtenues chez la souris (et certaines lignées de souris de l'étude présentaient un déficit immunitaire, les rendant particulièrement sensibles aux infections virales). Il sera intéressant de transposer ces résultats à l'homme.

Le vaccin contre la grippe... avec humour. Source : https://www.wingz.fr/

La Source :

En savoir plus

Le virus de la grippe : Institut PASTEUR voir également : Types of Influenza Viruses

Grippe saisonnière : Ministère de la Santé

La grippe : vidéo en français proposée par l'OMS

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