- Public cible : grand public, professionnels médicaux, étudiants masters et doctorants
- Temps de lecture : 4 minutes
- Un article relu par les Pr Sophie CANDON (Rouen), et Thierry VINCENT (Montpellier)
Chaque année, en France, 2 à 6 millions de personnes sont infectées par le virus Influenza, virus de la grippe. Cette maladie peut être sévère chez les personnes fragiles : femmes enceintes, personnes âgées ou souffrant de pathologies chroniques (asthme, diabète…). La vaccination antigrippale leur est largement indiquée avec pour objectif de conférer une protection contre les formes graves et les complications de la maladie. Cette vaccination est également indiquée pour tout individu qui vit, ou travaille, au contact de personnes fragiles, personnes chez qui l’efficacité vaccinale peut être encore limitée du fait d’un système immunitaire défaillant… ou « vieillissant ». Cette recommandation s’applique particulièrement au personnel de santé !
Les vaccins antigrippaux actuels utilisent trois ou quatre souches virales inactivées et suscitent une réponse immunitaire ciblant une région particulière, « la tête », de l’hémagglutinine virale (HA). Ajouté au fait que cette région de l’HA est susceptible de présenter des variations antigéniques (box 1), permettant au virus d’échapper à l’immunité, la protection vaccinale reste d’une durée limitée à quelques mois. Il est donc nécessaire de vacciner contre la grippe chaque année. Plus encore, l’élaboration des vaccins antigrippaux actuels repose sur les recommandations de l’OMS, elles-mêmes basées sur l’évaluation des souches « susceptibles » de circuler. Chaque année, la vaccination antigrippale est donc associée à une part d’incertitude quant à son efficacité du fait de variations antigéniques possibles entre souches vaccinales utilisées et le virus circulant. Ainsi, pour la saison 2021-22, l’efficacité de la vaccination antigrippale a été estimée en France à environ 40% (source : solidarites-sante.gouv.fr).
Assessment of a quadrivalent nucleoside-modified mRNA vaccine that protects against group 2 influenza viruses. Meagan McMahon et al., PNAS, nov 2022.
Plusieurs équipes de chercheurs internationaux ont élaboré de nouvelles stratégies vaccinales qu'ils ont testées chez l’animal. Ils ont travaillé à partir de la plateforme couplant des ARNm à des nanoparticules lipidiques (mRNA-LNP), dont l’efficacité a été démontrée à l'occasion de la vaccination massive contre le SARS-CoV-2 lors de la pandémie COVID-19. Plus encore, ce type de plateforme permet d'utiliser différents ARN messagers, codant différents antigènes viraux dans une même suspension vaccinale.
Dans ce travail, les protéines du virus grippal (H3N2), moins susceptibles aux variations antigéniques, ont été ciblées. Les auteurs n’ont donc pas utilisé les ARNs codant la « tête » de l’HA, mais plutôt la "tige" de cette protéine (figure). Ils ont également testé des ARNs codant la neuraminidase, la nucléoprotéine (NP) et la protéine-2 de la matrice virale (M2).
Différentes préparations vaccinales ont été testées : des suspensions monovalentes (un seul ARN) et une préparation plurivalente, regroupant les 4 ARNms différents.
Le but de l'étude était de définir quelles structures antigéniques conféraient à la souris, une protection contre les virus grippaux du "groupe (ou sous type) 2" exprimant l'hémagglutinine et la neuraminidase.
Les auteurs ont constaté une importante réponse Ac pour toutes les préparations vaccinales (mono ou polyvalentes), mais les suspensions monovalentes n'apportaient pas le même degré de protection que la préparation contenant les 4 ARNms. Selon l'ARNm utilisé dans la plateforme mRNA-LNP, les souris étaient protégées contre une ou plusieurs souches virales. Exemples
Un schéma vaccinal "prime-boost" avec vaccination de rappel a été utile pour augmenter la production des Ac dirigés contre la tige de l'HA et la protéine M2. Avec la formulation multivalente, ce schéma (prime boost + rappel) n'est pas nécessaire, et si la dose injectée (1,25 µg et 5µg de suspension ARN-LP) impacte la quantité d'Ac produits, les souris sont protégées des formes létales dès la dose de 1,25 µg en monodose.
Le vaccin contre la grippe... avec humour. Source : https://www.wingz.fr/
Meagan McMahon, George O’Dell, Jessica Tan, and Norbert Pardi.
Le virus de la grippe : Institut PASTEUR voir également : Types of Influenza Viruses
Grippe saisonnière : Ministère de la Santé
Une nouvelle arme pour la prévention de la bronchiolite, problème majeur de santé chez les nourrissons à l'approche de l'hiver, vient d'être autorisée par l'Agence Européenne du Médicament.
Dans le cadre d’une recherche financée par l’ANR sur le choix de carrière professionnelle en médecine, l'équipe du programme de recherche PULWAR mène une enquête adressée à l’ensemble des internes (DES) et chefs de clinique des université…